Nous y voilà enfin : Bamako. Point final de la méridienne Saint-Malo • Bamako, imaginée et marchée par Marc Roger. C’est en train que nous franchissons les quelque 600 kilomètres qui nous séparent de la ligne d’arrivée. Un mur de chaleur qui atteint 45 degrés tous les jours s’est dressé sur notre chemin. Les points d’eau sont rares. Ce n’est plus possible de marcher. Dans le train cliquetant qui nous éloigne de Kayes, les chiffres tournoient dans ma tête. Deux mille kilomètres à pied. Cinq pays traversés. Huit mois de voyage. J’ai été presque surprise de mettre les pieds dans une ville; au fil des semaines et des mois, Bamako s’était muée en symbole, en une métaphore du point vers lequel corps et esprit tendaient chaque jour, même les jours d’immobilité. Mais Bamako était bien là, et nous a accueillis avec la parfaite indifférence des villes occupées à gérer le cafouillis bouillant de ses 1,6 millions d’habitants, qui tentent tant bien que mal de s’y mouvoir. La dernière question qui surgit est formulée par Marc, et elle me hante encore en cette veille de retour à Montréal : doit-on craindre la fin d’un voyage ?