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Catherine Hébert – Mango Films

Catherine Hébert, production de documentaires engagés.

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Les éclopés s’amusent

Deux jours de marche, dont le premier sous la pluie. Une cinquantaine de kilomètres en tout. Pour suivre « de près » l’avancée de Marc, Pedro et moi avons décidé de réduire nos bagages à leur plus simple expression, pour marcher et dormir avec Marc dans la nature (la balance des bagages est restée à l’hôtel et a été récupérée par Mohamed, notre assistant de production).  Marc m’avouera plus tard qu’il trouvait notre entreprise  « étonnante ».  Trop de diplomatie. Le qualificatif suicidaire eut été plus approprié.

Même avec le minimum d’équipement, nos sacs font plusieurs kilos. Pas grave, je me dis-je fièrement, Mère Nature m’a pourvue de jambes endurantes qui ne m’ont jamais fait défaut. Erreur. Dès le départ,  je me sens comme si je portais le poids du monde sur mon dos. J’en fais part à Pedro que je crois mon complice : je ne me tiendrai pas jusqu’à la fin. « Cat, l’entends-je répondre, ce n’est pas permis de dire des choses comme ça dès le début de la journée.» Enregistré.  Je ravale ma douleur, je gonfle mon orgueil. Je devrais en avoir une réserve suffisante jusqu’à la fin de la journée. L’orgueil a tenu le coup. Les pieds pas. Arrivée dans un village à la tombée de la nuit, j’ai les pieds en charpies. Des pieds ? Non.  Ne restent que deux douloureuses galettes au bout de mes jambes. Bilan : trois ampoules au pied gauche. La Vilaine a refait surface.

Je m’en veux. J’en veux à mes pieds d’être si faibles. J’en veux à mon sac d’être si lourd. J’en veux au paysage d’être si magnifique alors que je souffre, moi. Je m’en veux d’avoir ces pensées débiles. Et encore plus de les écrire. Il nous a fallu deux heures, et probablement des dizaines de coups de fil du pacha aux policiers, des policiers à la gendarmerie, de la gendarmerie à je-ne-sais-qui, avant que la porte du centre d’accueil du village ne s’ouvre. C’était comme la caverne d’Ali Baba. Derrière la porte , tous les fantasmes du marcheur sont devenus réalité: chaleur, lits, douche, repas chaud. Après un souper pris sous le regard inquisiteur du gardien du village, nous sommes tombés dans un délicieux coma collectif. Aux autorités, nous avons dû paraître bien peu menaçants, finalement : trois corps épuisés reposant lourdement dans leurs sacs de couchage. Marc avait même pris soin de retirer la pile de l’horloge au mur; son tic-tac était une véritable menace pour les quelques heures de sommeil que nous avions devant nous. Gare à qui ou quoi aurait voulu les gâcher.

Nous avons repris la marche au lever du soleil. Les agriculteurs partis vendre leur produits au marché revenaient sur des chariots tirés par un mulet. Ils nous sourient. Nous saluent. Trois bozos sur la route égayent leur journée. J’ai fini la route dans la boîte d’un camion de marchandise. Mes pieds ont finalement sommé à mon orgueil de se la fermer.

Arrivée dans la ville de Mechra, ma foi, plutôt hostile. La ville au complet baigne dans la boue et dans une odeur d’égoûts.  Aller, j’y vais sans détour : ça sent la merde. Partout.  Je parle de boue, mais je soupçonne autre chose.

C’est un groupe d’éclopée qui fait son entrée à Mechra. Je tiens à peine debout sur mes ampoules. Babel a une plaie ouverte sur le dos. Marc s’est fait mordre par un chien.  Je le retrouve assis sur son lit (Marc, pas le chien), des ouates ensanglantées dans chaque main. Nous formons un joli tableau. Et Pedro? J’ouvre la porte de la chambre. « Referme vite, dit-il, l’odeur de mierda entre dans la chambre. Il est vert. Son estomac fait des glou-glou. À chacun ses bobos.

Exotique, le Maroc ? Yes, indeed. Faut simplement avoir l’esprit ouvert quand vient le temps de définir l’exotisme.

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