Je suis toujours à Podor. Selon les toutes dernières estimations de Marc Roger, lecteur public que j’ai surpris ce matin en train de regarder la carte sans moi, nous partons demain matin. La charrette est devant la porte. Nous atteignons une ville dans quelques 300 km d’ici. Ça va nous prendre entre dans 10 à 15 jours, parce qu’on n’y va pas en ligne droite, mais en longeant le fleuve. D’ici là, la brousse et encore la brousse. Et pas d’accès internet, va sans dire.
Marc est crevé. La nuit ici est insupportablement bruyante. Quand ce ne sont pas les muezzins qui prient jusqu’à 3h du matin (c’est pas des blagues), ce sont les jeunes du quartier qui font la fête équipés de haut-parleurs, ma foi, bien peu civilisés. Le pauvre Marc ne dort pas de la nuit. Moi j’ai cette extraordinaire capacité à dormir partout, n’importe quand et n’importe comment (un vrai don du ciel), alors je dors. J’essaie de lui dire qu’on va mieux dormir en partant d’ici, mais il doute que nos nuits en brousse soient réparatrices. Il sent que je trépigne.
Il nous reste 1100 km à faire d’ici Bamako, et que nous allons probablement les franchir au complet avec Babel III et notre charrette qui a maintenant fière allure. À partir de maintenant, pas question de marcher tout le temps. Babel III n’est pas entraîné pour marcher, mais pour tirer. Quand on marche à côté de lui, il n’avance pas. De toute façon, Trop chaud et trop peu de temps. C’est fou comme le temps est une denrée rare et précieuse. Même quand on pense le prendre, il finit par nous échapper. Marc est parti pour plus d’un un an et le temps lui manque. Ça me laisse songeuse.
Voilà mes chers amis. J’entame la dernière ligne droite de la méridienne et vous emmène avec moi, les mamans, les futures mamans qui se frottent la bédaine, les travailleurs, les obsédés, les angoissés, les zens, les assoiffés, les rassasiés. Il y a de la place pour tous.