Nous y voilà enfin : Bamako. Point final de la méridienne Saint-Malo • Bamako, imaginée et marchée par Marc Roger. C’est en train que nous franchissons les quelque 600 kilomètres qui nous séparent de la ligne d’arrivée. Un mur de chaleur qui atteint 45 degrés tous les jours s’est dressé sur notre chemin. Les points d’eau sont rares. Ce n’est plus possible de marcher. Dans le train cliquetant qui nous éloigne de Kayes, les chiffres tournoient dans ma tête. Deux mille kilomètres à pied. Cinq pays traversés. Huit mois de voyage. J’ai été presque surprise de mettre les pieds dans une ville; au fil des semaines et des mois, Bamako s’était muée en symbole, en une métaphore du point vers lequel corps et esprit tendaient chaque jour, même les jours d’immobilité. Mais Bamako était bien là, et nous a accueillis avec la parfaite indifférence des villes occupées à gérer le cafouillis bouillant de ses 1,6 millions d’habitants, qui tentent tant bien que mal de s’y mouvoir. La dernière question qui surgit est formulée par Marc, et elle me hante encore en cette veille de retour à Montréal : doit-on craindre la fin d’un voyage ?
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Kidira, frontière malienne
La brousse donc. À peine une semaine de marche. De l’extérieur, ce sont sept jours, ridicules dans le calendrier ou dans le cours d’une vie. Une page tournée dans l’agenda. De l’intérieur, un véritable voyage dans le voyage. Jour après jour, la chaleur nous a terrassés. Comme me l’a dit un vieux : « La chaleur ici, elle vous pique jusqu’aux os ». Oui. Elle nous a usés jusqu’au os. Hier soir, nous nous sommes posés, le corps cassé, le souffle court, les paupières brûlées, la peau des pieds desquamée, les talons crevassés (il devait bien faire 60 degrés dans mes chaussures). Et, en tête, cette pensée obsédante : mais de quoi est donc fait le peuple de la région du Fouta, et tous les peuples du Sahel, pour vivre, manger, bouger, baiser, exister dans cette chaleur qui transforme le toubab en loque humaine en moins de deux ?
Arrêt obligé à Ourossogui
Nous venons de nous poser dans une petite ville. Pour cause de fatigue. Pour cause d’échec de notre logistique. La charette, qui devait être notre nouveau moyen de locomotion, n’a pas rempli ses promesses. Babel III refusait d’avancer.
Destination: Bamako. Transport: Charette
Je suis toujours à Podor. Selon les toutes dernières estimations de Marc Roger, lecteur public que j’ai surpris ce matin en train de regarder la carte sans moi, nous partons demain matin. La charrette est devant la porte. Nous atteignons une ville dans quelques 300 km d’ici. Ça va nous prendre entre dans 10 à 15 jours, parce qu’on n’y va pas en ligne droite, mais en longeant le fleuve. D’ici là, la brousse et encore la brousse. Et pas d’accès internet, va sans dire.
Podor, 42 degrés
Je suis donc à Podor, LA ville la plus chaude du Sénégal qu’ils disent (mais c’est peut-être juste pour se vanter. Marc a un ami ici qui tient une auberge. Je viens de passer 3 jours sur un bateau de croisière avec des touristes français. Ce qui était chouette c’est que je pouvais sauter dans le fleuve Sénégal à peu près quand je voulais et barboter entre la Mauritanie d’un côté et le Sénégal de l’autre. Littéralement. Le fleuve est très étroit à certains endroits. J’ai même nagé jusqu’à la rive mauritanienne, mais les G.O. du bateau m’ont gueulé de revenir. Pas de visa… n’importe quoi… J’ai donc salué les femmes et enfants qui se lavaient dans le fleuve et j’ai fait demi-tour.